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Comment les boursier·ère·s Loran travaillent ensemble pour améliorer la qualité de l’eau au Cambodge

Ray Cantwell (1998), un ancien Boursier Loran, a rencontré Yim Viriya en 2007 alors qu’il travaillait comme conseiller technique pour la Bourse du Samaritain Canada. À l’époque, Viriya travaillait sur le programme d’eau de Hagar International au cœur du Cambodge. Il a remarqué une tendance : la santé des gens déclinait graduellement après avoir quitté le refuge pour réintégrer la communauté. Il a découvert que le manque d’accès à l’eau potable était à l’origine de maladies débilitantes et pouvait entraîner la mort. Viriya dirigeait un programme de Hagar International visant à promouvoir les filtres à eau, le lavage des mains ainsi que la construction de latrines. En 2010, le programme est devenu un organisme indépendant appelé Clear Cambodia, où Ray et Viriya ont joué un rôle central. Depuis, l’organisme a distribué plus de 360 000 filtres au sable dans tout le pays, améliorant la vie de plus d’un million de Cambodgien·ne·s. 

Grâce à l’engagement de Ray, Clear Cambodia a bénéficié dès le début des contributions des Boursier·ère·s Loran. En effet, depuis 2012, cinq boursier·ère·s y ont effectué leur stage d’été dans un organisme à but non lucratif, la dernière étant Ellen Brisley (2023), qui a terminé son stage plus tôt cette année. « J’ai beaucoup appris en concevant une expérience par moi-même et en participant à sa mise en œuvre. J’ai la chance d’avoir une équipe formidable. »

Les stages d’été constituent un aspect passionnant et transformateur du programme Loran. Chaque été, les Boursier·ère·s Loran apprennent auprès de leaders dans les secteurs de la politique publique, des entreprises et à but non lucratif au Canada et dans le monde, ce qui leur permet d’acquérir une bonne compréhension des parcours postuniversitaires et les prépare à apporter des changements concrets en tant que leaders animés par des valeurs. En travaillant avec des organismes communautaires à but non lucratif comme Clear Cambodia, les boursier·ère·s ont l’occasion d’allier leur passion à un objectif et d’avoir une incidence positive sur les communautés mal servies.
Nous avons rencontré Ray et Marin MacLeod (2009), qui a effectué un stage à Clear Cambodia en 2012, pour discuter des liens intergénérationnels entre Loran et Clear Cambodia, des précieuses leçons tirées du travail communautaire dans un nouveau contexte culturel et de la façon dont l’expérience pratique acquise par les Boursier·ère·s Loran à l’étranger peut être réinvestie dans les communautés du Canada.


Loran : Pourquoi est-il important que les jeunes s’engagent dans le travail communautaire à un moment aussi critique de leur parcours personnel et universitaire?

Ray : Le travail communautaire permet d’intégrer la pratique à la théorie, plus efficacement que les études de cas ou les vidéos dans un cadre universitaire. Ellen s’intéressait déjà à l’eau et au travail humanitaire, mais je pense que les relations qu’elle a établies ont été particulièrement stimulantes pour elle. J’ai remarqué que de nombreuses personnes qui s’engagent dans le travail communautaire y trouvent un sentiment d’appartenance qui les incite à revenir. C’est tellement gratifiant de savoir que l’on aide des gens.

Marin : Les communautés locales sont passées maîtres pour repérer les défis qui se présentent à elles et trouver des solutions pertinentes. En travaillant avec ces communautés, les leaders de demain apprennent à collaborer, à cocréer et à acquérir l’humilité nécessaire pour contribuer efficacement au travail d’équipe et aux projets, tout en avançant dans leurs parcours personnel et professionnel.

Loran : Alors que le programme Loran met l’accent sur l’importance pour les boursier·ère·s de réinvestir leurs talents au Canada, comment les stages à l’étranger peuvent-ils contribuer au développement d’un bon leadership?

Marin : Dans un monde de plus en plus connecté et aux nombreuses possibilités et menaces, il est plus important que jamais pour les leaders canadien·ne·s d’agir sur le plan international, à la lumière des principes de caractère et d’engagement de Loran. Nous avons besoin de leaders chevronné·e·s : des personnes qui ont vécu, travaillé et acquis leurs compétences en leadership dans divers secteurs et régions. Les boursier·ère·s se distinguent au fil des occasions variées d’apprentissage du leadership que Loran leur offre et qui accélèrent l’acquisition des compétences.

Ray : Je dis souvent que partir à la découverte d’une nouvelle culture ou d’un nouveau contexte géographique, c’est comme jouer à un jeu de cartes : les règles du jeu changent, mais personne ne vous dit quelles règles ont changé. Vous devez simplement vous lancer et apprendre au fur et à mesure que vous avancez. Vous devez faire preuve de flexibilité et de volonté pour vous adapter professionnellement, vous développer personnellement et apprécier la valeur de la communauté locale. Si vous arrivez en pensant que vous avez toutes les réponses et que vous n’avez pas besoin d’apprendre, vous ne vivrez pas une expérience enrichissante. Si vous vous lancez avec souplesse et volonté, vous constaterez peut-être que vous apprenez et grandissez davantage que les personnes à qui vous tentez de venir en aide. J’ai remarqué que l’expérience d’un nouveau contexte culturel peut changer la perspective des Boursier·ère·s Loran. À leur retour au Canada, les boursier·ère·s avec qui j’ai travaillé ont souvent des compétences plus vastes, ainsi qu’une motivation renouvelée qu’ils et elles appliquent dans leur engagement et leur leadership au Canada. Ce type d’apprentissage par l’expérience constitue une part importante du programme d’enrichissement du leadership de Loran.

Loran : Ayant vu plusieurs générations de boursier·ère·s travailler avec Clear Cambodia, comment pensez-vous que les organismes qui font un travail important dans leurs communautés bénéficient de l’embauche de Boursier·ère·s Loran?

Ray : Clear Cambodia est un organisme géré localement. L’embauche de Boursier·ère·s Loran lui permet de bénéficier d’un apport d’énergie, de connaissances et de contributions extérieures dans son contexte particulier. Clear Cambodia cherchait à faire progresser la conception d’un prototype de filtre au sable qui pourrait être distribué à une famille à la fois avec un budget réduit. Ellen possède une vaste expérience et dispose d’un réseau d’universitaires, comme moi, qui pourraient offrir des idées nouvelles et de l’aide. L’équipe de Clear Cambodia a eu l’occasion non seulement de présenter son excellent travail technique à une personne curieuse et ouverte d’esprit, mais aussi de recevoir des suggestions réfléchies sur la manière dont ses systèmes peuvent être améliorés. D’un point de vue pratique, ce stage d’été a permis à Ellen et à l’équipe de Clear Cambodia de travailler ensemble pour accomplir quelque chose que ni l’une ni l’autre n’aurait pu faire seule.

Loran : Marin, comment le fait de travailler avec Clear Cambodia a-t-il impacté votre parcours personnel ou professionnel ?

Marin : Travailler avec Clear Cambodia a ouvert la voie à ma carrière et reste l’une des expériences personnelles et professionnelles les plus importantes de ma vie. Ma passion pour la santé publique, en particulier pour les déterminants sociaux, s’est renforcée pendant mon séjour au Cambodge. J’y ai également rencontré Viriya et Ray, deux des mentor·e·s qui ont eu le plus d’influence sur mon parcours. Viriya dirigeait l’ONG nationale avec cœur et encourageait la collaboration et l’innovation afin que les communautés soient au centre du travail de Clear.

Ray a été mon mentor à partir de 2012 et a supervisé mon stage d’été en développement communautaire. Il a ensuite cosupervisé mon mémoire de spécialisation de premier cycle, « Issues in access to safe drinking water and basic hygiene for persons with physical disabilities in rural Cambodia » (enjeux d’accès à l’eau potable et à l’hygiène de base pour les personnes avec un handicap physique dans le Cambodge rural), que nous avons publié dans le Journal of Water and Health. Après mon stage d’été en développement communautaire chez Clear Cambodia, Ray et moi avons travaillé ensemble sur divers projets pendant cinq ans et nous sommes toujours en contact!

Mes séjours au Cambodge entre 2012 et 2014 et le travail que j’y ai accompli m’ont inspirée de poursuivre à la maîtrise en santé publique à l’Université de Toronto en 2015. Depuis l’obtention de mon diplôme, je travaille dans le domaine du développement international. Je dirige aujourd’hui Reach Alliance, un consortium rassemblant des universités internationales pour aider à former les leaders dont nous avons besoin et résoudre les enjeux locaux urgents dans les régions mal servies pour des raisons administratives, sociales ou géographiques. Les objectifs de développement durable des Nations Unies inspirent et éclairent le travail de Reach. Je réfléchis régulièrement au temps passé à collaborer avec les communautés rurales du Cambodge. L’apprentissage auprès de Viriya et Ray a profondément façonné ma vie personnelle, académique et professionnelle, et je suis éternellement reconnaissante à Loran de m’avoir donné cette occasion transformatrice.

Loran : Comment la poursuite d’un stage à l’étranger peut-elle influencer le point de vue d’un·e boursier·ère à son retour au Canada?

Ray : Quand j’étais boursier en cours d’études, j’ai rencontré un vieil homme alors que je fabriquais des filtres au biosable. Il m’a dit combien il était heureux d’avoir un filtre à eau dans sa maison; il s’émerveillait du fait d’avoir accès à de l’eau potable. J’avais déjà étudié l’assainissement de l’eau, mais je repense souvent à cet homme qui croyait que ce que j’avais toujours tenu pour acquis ne serait jamais réalisable de son vivant. Il peut être bénéfique pour les boursier·ère·s de vivre de telles expériences transformatrices suffisamment tôt dans leur parcours professionnel, car elles font prendre conscience de la diversité des expériences vécues par les gens dans le monde.

Aujourd’hui, je donne un cours sur l’assainissement de l’eau, l’hygiène et la santé mondiale à l’Université de Toronto. J’ai invité Ellen à venir parler de son stage d’été à Clear Cambodia afin que mes étudiant·e·s puissent voir une application concrète des concepts qu’ils et elles ont appris. Cette initiative a permis à Ellen de définir son travail, de le présenter à des universitaires et d’engager le dialogue. Il y a tant d’occasions de faire profiter les universités et les organisations canadiennes de l’expérience des Boursier·ère·s Loran.

Loran : En tant qu’ancien boursier, bénévole et donateur, qu’est-ce qui vous incite à continuer à investir dans votre communauté Loran?

Ray : Cette communauté m’a beaucoup apporté, aussi bien pendant mes études que par après. Aujourd’hui, en tant qu’évaluateur, j’ai beaucoup d’enthousiasme à lire les candidatures et à découvrir les projets de la dernière génération. C’est tout simplement inspirant. Lorsqu’Ellen m’a contacté, je me suis engagé à être là pour elle tout au long de son stage. J’ai pu lui donner de nombreux conseils logistiques et culturels. Au cours de son stage, nous avons discuté de sujets tels que l’importance de fixer des objectifs réalisables mais ambitieux, d’établir un budget et de gérer les parties prenantes. Je trouve gratifiant de voir et de soutenir la transformation des boursier·ère·s en cours d’études.

Marin : En tant que donatrice et présidente actuelle du conseil des ancien·ne·s Boursier·ère·s Loran, il m’est très important d’investir dans la communauté Loran. Chaque stage d’été a représenté une occasion d’apprentissage unique et importante, et je continue d’apprendre auprès de la communauté Loran qui compte des ami·e·s et mentor·e·s de longue date. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de caractère, d’engagement et de leadership pour faire face aux enjeux mondiaux urgents en matière de climat, de santé publique et d’économie. La communauté Loran m’inspire à continuer de contribuer à soutenir sa croissance et son impact sur le monde, de quelque manière que ce soit.


Vous voulez en savoir plus sur les stages d’été des Boursier·ère·s Loran? Regardez notre story à la une sur Instagram pour découvrir la vie de nos boursier·ère·s au Canada et à l’étranger. Pour en savoir plus sur le programme Loran, cliquez ici. Si vous souhaitez employer un·e Boursier·ère Loran au cours d’un prochain été, cliquez ici pour en savoir plus.